dimanche 1 avril 2012

La poésie engagée - Le chant des marais (Die Moorsoldaten)

Le Chant des Marais, devenu hymne européen de la déportation, est une œuvre collective créée en juillet-août 1933 dans le camp de concentration nazi de Börgermoor. Chant de détresse, mais aussi chant d’espoir et de révolte, le Chant des Marais fut inspiré par une coutume militaire en vigueur chez les SS de ce camp : les détenus étaient obligés de chanter sur le chemin qui menait à un marais qu’ils devaient assécher à l’aide de simples pelles (Spaten).
Paroles inspirées par Johann Esser, musique de Rudy Goguel, lancé par Wolfgang Langhoff. Voici le texte en français (il a été en particulier interprété par M. Mouloudji) et en allemand (la plus belle interprétation est sans doute celle de Hannes Wader).

Pour écouter ce chant, cliquez ici pour la version française et pour la version allemande.

LE CHANT DES MARAIS - Version française

Loin vers l’infini s’étendent
Des grands prés marécageux.
Pas un seul oiseau ne chante
Sur les arbres secs et creux.

REFRAIN
O, terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher.
Dans le camp morne et sauvage
Entouré de murs de fer
Il nous semble vivre en cage
Au milieu d'un grand désert
Bruit des pas et bruit des armes,
Sentinelles jour et nuit,
Et du sang, des cris, des larmes,
La mort pour celui qui fuit.
Mais un jour dans notre vie,
Le printemps refleurira
Libre enfin, ô ma patrie,
Je dirai tu es à moi.
REFRAIN
O, terre d’allégresse
Où nous pourrons sans cesse
Aimer.

DIE MOORSOLDATEN - Version allemande

Wohin auch das Auge blicket,
Moor und Heide nur ringsum,
Vogelsang uns nicht erquicket,
Eichen stehen Kahl und krumm.

 Wir sind die Moorsoldaten
 Und ziehen mit dem Spaten ins Moor
Hier in dieser öden Heide
Ist das Lager aufgebaut.
Wo wir ferne von jeder Freude
 Hinter Stacheldraht verstaut.
Morgens ziehen die Kolonnen
Durch das Moor zur Arbeit hin.
Graben bei dem Brand der Sonne,
Doch zur Heimat steht der Sinn.
Auf und nieder gehn die Posten,
Keiner, keiner kann hindurch.
Flucht wird nur das Leben kosten !
Vierfach ist umzäunt die Burg.
Doch für uns gibt es kein Klagen,
Ewig kann nicht Winter sein.
Einmal werden froh wir sagen:
Heimat, du bist wieder mein !
Dann ziehn die Moorsoldaten
Nicht mehr mit dem Spaten ins Moor!